
Jean-Paul est arrivĂ© au Luxembourg un peu par accident⊠et y est restĂ© plus de trois dĂ©cennies et câest pas fini. Curieux de nature, collectionneur invĂ©tĂ©rĂ© et passionnĂ© par lâhistoire et le networking, il partage avec nous son parcours, ses convictions, et sa vision du Grand-DuchĂ©.
đ Portrait express de Jean-Paul FĂLIX
PrĂ©nom / Nom : Jean-Paul FĂLIX
Année de naissance : 1965
Origines : Sarreguemines (Moselle -57)
Profession : Expert-comptable & Président de BUSINESS ALLIANCE
Pays vĂ©cus : 17 pays, ses prĂ©fĂ©rĂ©s : lâItalie, la Tunisie, la Pologne, Prague et la RĂ©publique tchĂšque âŠ. Un peu plus exotique, lâEquateur !
Passions : philatĂ©lie, numismatique de la ville de Metz, presse-papiers en cristal de Saint-Louis, bande-dessinĂ©es, âŠet le volley-ball
Musique : Beethoven, les annĂ©es 90 (Indochine, Status Quo, QueenâŠ)
Phrase marquante : « Les personnes passent avant le matériel. »
đ Contact : via son profil LinkedIn â https://www.linkedin.com/in/jeanpaul-felix/
đ Origines et parcours international
NĂ© en 1965, Jean-Paul a grandi en Moselle est, puis sâest dĂ©couvert une affection particuliĂšre pour la Bourgogne et lâAlsace.
Scientifique de formation, il a néanmoins considéré ses études comme un réservoir de temps pour ses activités et a pratiqué simultanément en nationale les échecs et le volley.
Ses Ă©tudes terminĂ©es, il dĂ©cide de faire carriĂšre au Luxembourg, ce qui lâa conduit au final Ă travailler dans 17 pays, avec des missions variĂ©es allant de lâaudit au conseil.
AprĂšs des dĂ©buts Ă lâaudit de fonds et de banques chez Coopers & Lybrand (devenu PwC – PricewaterhouseCoopers en 1997), puis au dĂ©partement conseil chez Deloitte, il fonde en 2000 son propre cabinet de conseil, pour enfin sâinscrire Ă lâOrdre des Experts-Comptables en 2008, toujours avec une approche rĂ©solument orientĂ©e rĂ©seau et stratĂ©gie business. En parallĂšle, il occupe des postes de vacataire Ă la FacultĂ© de droit Ă Metz oĂč il prĂ©pare les Ă©tudiants Ă la recherche doctorale, puis Ă la FacultĂ© de gestion de Nancy oĂč il assure un cours de techniques bancaires en Master.
Entrepreneur dans lâĂąme, il a dĂ©jĂ lancĂ© 4 sociĂ©tĂ©s, en a rachetĂ© une cinquiĂšme puis a créé en 2021 au niveau europĂ©en un rĂ©seau professionnel dâexperts-comptables et dâavocats dâaffaires, GENTIA ALLIANCE. Son dernier bĂ©bĂ© ? Un club dâaffaires luxembourgeois lancĂ© en septembre 2024, BUSINESS ALLIANCE.
đ De lâaudit Ă BUSINESS ALLIANCE
Constatant la difficultĂ© pour un entrepreneur Ă©tranger de sâinstaller Ă lâĂ©tranger, Jean-Paul dĂ©veloppe un concept hybride :
Un club dâaffaires local constituĂ© majoritairement de professionnels du droit ou du chiffre (avocat fiscaliste, avocat droit des affaires, notaire, banquier, courtier en assurances, expert-comptable, chasseur de tĂȘtes, etc.) capable de constituer une sociĂ©tĂ© opĂ©rationnelle en moins de 6 semaines et fonctionnant dâabord comme un club dâaffaires classique (les commissions dâapporteur dâaffaires en moins). A lâinternational, un rĂ©seau dâavocats fiscalistes Ă©trangers recherchant des relais locaux pour accompagner la crĂ©ation dâune entitĂ© puis sa croissance, pour leurs clients.
Aujourdâhui, BUSINESS ALLIANCE (Luxembourg) regroupe une vingtaine de membres soigneusement sĂ©lectionnĂ©s sur recommandations.
Le modĂšle sera dupliquĂ© Ă lâautomne en Belgique, puis en Suisse et en France.
« Le Luxembourg nâest pas la solution Ă tous les problĂšmes. Il faut avoir lâhonnĂȘtetĂ© intellectuelle de dire Ă un quidam que le soleil brille plus ailleurs. Dâailleurs sâil y avait des palmiers et du sable fin au Luxembourg, nous le saurions. Dupliquer le modĂšle BUSINESS ALLIANCE Ă lâĂ©tranger, câest disposer localement de relais pour fournir in fine un vrai service. »
Passions : philatélie, numismatique de la ville de Metz, presse-papiers en cristal de Saint-Louis, bande-dessinées, etc.
Jean-Paul nâest pas seulement un chef dâentreprise : collectionneur de vignettes colorĂ©es depuis lâĂąge de 5 ans, il se qualifie de philatĂ©liste Ă lâadolescence. Questionnant la nature mĂȘme du service postal (un timbre nâest jamais que la formalisation du service rendu, annulĂ© par une oblitĂ©ration) il remonte lâhistoire postale jusquâau XVIIá” siĂšcle, se passionnant alors pour les marques postales (la marcophilie), pour sâintĂ©resser enfin aux contextes Ă©conomiques prĂ©valents, ce qui le conduit inexorablement Ă sâintĂ©resser aux monnaies. Numismate, il collectionne alors les monnaies de la ville de Metz et des mĂ©diomatrices, la tribu celte locale.
Les presse-papiers ? Une histoire trÚs banale. Un oncle ancien médecin du travail aux Cristalleries de Saint-Louis, un presse-papier trainant sur un meuble chez un cousin⊠et la collection est lancée.
« Une collection, ce nâest pas juste possĂ©der des objets. Câest principalement apprendre auprĂšs dâautres collectionneurs, trouver de la documentation, explorer des archives, visiter de nombreux musĂ©es, bref câest le plaisir dâapprendre et de comprendre. »
Collectionneur de BD, il possĂšde prĂšs de 2000 albums, apprĂ©ciant particuliĂšrement lâhumour cachĂ© et les clins dâĆil graphiques. Sa sĂ©rie prĂ©fĂ©rĂ©e ? « Trolls de Troy »
đŒ GoĂ»ts et culture
CÎté culture, Jean-Paul est plutÎt classique :
En musique : Beethoven pour la musique classique (Jean-Paul a toujours regrettĂ© ne pas avoir appris Ă jouer du piano) et les tubes des annĂ©es 90 (Indochine, Status Quo, Queen, âŠ)
En littĂ©rature : les romans du XIXá” siĂšcle et du dĂ©but du XXá”plutĂŽt que les tendances Ă©phĂ©mĂšres et Best-sellers.
« Quand vos journĂ©es sont bien occupĂ©es, il faut aller Ă lâessentiel. Autant se concentrer sur les auteurs qui ont passĂ© lâĂ©preuve du temps. »
En cinĂ©ma, « Intouchables » avec Omar Sy et François Cluzetlâa profondĂ©ment Ă©mu. « Pas dâbras, pas dâchocolat ». Mais Ă©galement « Samba » avec Omar Sy et Charlotte Gainsbourg sur le sort des sans-papiers.
đ IntĂ©gration au Luxembourg
ArrivĂ© par un concours de circonstances (Ă Paris les gens sont stressĂ©s, la ville est salle et la verdure manque â tout lâinverse du Luxembourg), Jean-Paul sâest intĂ©grĂ© grĂące Ă des collĂšgues luxembourgeois qui lâont introduit Ă leurs habitudes et traditions, Ă leur culture. Il faut croire que la coexistence (pacifique) entre communautĂ©s Ă©trangĂšres et communautĂ© luxembourgeoise, ou plutĂŽt lâabsence de permĂ©abilitĂ© entre les deux communautĂ©s est plutĂŽt le fait des expatriĂ©s.
Des amis dĂ©barquent Ă lâimproviste pour 2 jours ?
« Nâoublie pas ton sac de couchage et je tâoffre le matelas » đ.
« Plus sĂ©rieusement, je leur propose de visiter Saint-Hubert en Belgique, puis Redu ville et capitale du Livre (toujours en Belgique), pour faire un petit dĂ©tour par les casemates de Luxembourg (câest beaucoup plus classique), puis on termine par une randonnĂ©e au Mullerthal. »
â ïž Ce qui devrait Ă©voluer au Grand-DuchĂ© ou plutĂŽt ce quâil faudrait amĂ©liorer
Pour lui, deux sujets méritent une attention urgente :
« LâinsĂ©curitĂ© croissante autour de la gare de Luxembourg-Ville (le quartier oĂč jâhabite) en Ă©vitant de faire lâamalgame entre communautĂ©s aimant vivre au grand air (les cap-verdiens et les portugais) et les trop nombreux fauteurs de troubles, droguĂ©s en tĂȘte.
Mais aussi la lourdeur administrative, notamment pour les entreprises Ă©trangĂšres souhaitant sâinstaller. Il dĂ©plore la difficultĂ© dâouvrir un compte bancaire (sauf chez POST) et lâexcĂšs de contraintes documentaires.
Il comprend la nĂ©cessitĂ© dâĂ©tablir des rĂšgles, mais imposer pour chaque entrepreneur de passer sous les fourches caudines de lâautorisation dâĂ©tablissement est un non-sens. La qualitĂ© du travail dâun artisan ne se mesure pas Ă lâaune dâun diplĂŽme, et lâhonorabilitĂ© dâun entrepreneur Ă lâexistence de dettes envers les seules administrations. Oui, vous pouvez perdre votre autorisation dâĂ©tablissement pour un impayĂ© de 200 EUR de cotisations sociales, mais ne risquez rien au niveau administratif si vous avez escroquĂ© une personne privĂ©e pour plusieurs millions ! »
đ Et aprĂšs ?
Ă 60 ans, Jean-Paul envisage (mais il nâest pas pressĂ©) de quitter le Luxembourg Ă la retraite pour un pays offrant un meilleur rapport coĂ»t/qualitĂ© de vie : Tunisie, Italie, Espagne, la France (Bourgogne)⊠il reste ouvert. Madame a Ă©galement son mot Ă dire.
Son critÚre principal : un accÚs rapide à un aéroport ou une autoroute, pour continuer à voyager ou voir sa fille.
đ«đ· Et son regard sur la France?
Jean-Paul porte un regard lucide sur la vie politique française. Selon lui, une fois un prĂ©sident Ă©lu, il serait souhaitable de lui laisser le temps de mettre en Ćuvre son programme avant de juger son action.
« Les prĂ©sidents sont en gĂ©nĂ©ral Ă©lus avec 51 ou 52% des voix. 6 mois plus tard, seuls 20% des français reconnaissent lâavoir Ă©lu. Nous sommes rĂąleurs et inconstants. La dĂ©mocratie a parlĂ©, laissons faire la nouvelle Ă©quipe. Et sâils font mal, la sanction sera immĂ©diate aux prochaines Ă©lections. »
Il identifie deux enjeux majeurs pour lâavenir : la sĂ©curitĂ© et lâĂ©quilibre du systĂšme des retraites.
Pour ce dernier, il Ă©voque lâidĂ©e dâadapter la durĂ©e ou le volume horaire de travail, afin de garantir la pĂ©rennitĂ© du systĂšme tout en tenant compte des rĂ©alitĂ©s Ă©conomiques et dĂ©mographiques.
« Je suis patron et gĂšre mes disponibilitĂ©s (donc mes congĂ©s) en fonction des impĂ©ratifs de mes clients. Jâavoue ne jamais prendre plus de 2 semaines de vacances par an et avoir souvent de trĂšs longues journĂ©es. Câest un choix et chacun peu devenir a minima son propre patron sâil estime ĂȘtre brimĂ© ou dĂ©valorisĂ© dans son travail. Cela dit â avec un grand sourire â le seul risque physique que je prenne est de me coincer un doigt entre deux touches de mon clavier. Je pense donc pouvoir travailler bien au-delĂ de 65 ans. Et de toutes façons, Ă chaque fois que jâai voulu rĂ©duire ma charge de travail, jâai lancĂ© une nouvelle activitĂ©.
Il comprend quâun travail physique use les corps. Ceux-lĂ ont donc le droit de sâarrĂȘter bien avant.
Pour le reste, il est criminel de laisser Ă nos enfants un systĂšme de retraites dĂ©ficitaire. Si nous avons des droits, nous avons aussi des devoirs. Et vouloir garder ses acquis en demandant Ă la collectivitĂ© de trouver dâautres solutions nâest tout simplement pas rĂ©aliste. »
đŹ Sa philosophie
Une péritonite en 1996, un AVC en 2007 et une thrombose veineuse en 2021 ont changé sa vision de la vie :
« Lâargent est un moyen, pas une fin. Les personnes passent avant le matĂ©riel. »
PĂšre fier dâune fille unique et brillante, avocate dans un grand cabinet de la place, il revendique son choix dâavoir privilĂ©giĂ© sa famille Ă une probable carriĂšre dâassociĂ© dans un grand cabinet et parle de sa fille comme « de sa plus belle rĂ©alisation ».
« Nous existons non pas par ce que nous possĂ©dons de matĂ©riel, mais par les sentiments que vous portent vos enfants et vos amis, par lâimage et lâopinion vĂ©hiculĂ©es par vos contacts professionnels. Nous sommes en compĂ©tition non pas avec les autres, mais avec nous-mĂȘme. Je suis existentialiste, selon la dĂ©finition quâen a donnĂ© Jean-Paul Sartre, câest-Ă -dire que mes choix conditionnent ma vie. Le âpas de chanceâ ou âcâest la faute des autresâ nâont aucune place dans ma vie ».


Retrouvez lâinterview de prĂ©sentation de Jean-Paul FĂ©lix et de Business Alliance