Réforme fiscale au Luxembourg : ce qu’il faut retenir de la table ronde Paperjam chez Foyer (15/10/2025)

Réforme fiscale au Luxembourg : ce qu’il faut retenir de la table ronde Paperjam chez Foyer (15/10/2025)
Réforme fiscale au Luxembourg : ce qu’il faut retenir de la table ronde Paperjam chez Foyer (15/10/2025)

Dans le cadre de la table ronde organisées par Paperjam, la Communauté des Français du Luxembourg était invitée à suivre les débats auprès de quatre panelistes.

Soirée très intéressante dont voici quelques notes et paroles sur l’individualisation de l’impôt, financement de la réforme (~900 M€), justice fiscale et impôt foncier. Entre équité, cohérence juridique et compétitivité, les intervenants ont tracé les lignes de force d’une réforme appelée à structurer le Luxembourg des prochaines années.

Les intervenants, les panelistes

  • Sylvain Hoffmann (Chambre des salariés)
  • Diane Adehm (Chambre des députés)
  • Michel-Edouard Ruben (Fondation IDEA)
  • Jamal Afakir (ATOZ)

En 60 secondes

  • Cap sur l’individualisation de l’impôt : réforme jugée “logique” par ses défenseurs pour coller aux réalités familiales actuelles ; contestée par d’autres au nom de la cohérence avec le Code civil.
  • Coût brut évoqué : ~900 M€ mais partiellement auto-financé par la non-adaptation intégrale du barème à l’index et par les retombées de consommation, selon les partisans.
  • Justice fiscale & financement : pistes évoquées autour des niches, d’une barémisation plus progressive en haut de grille et d’une fiscalité patrimoniale/immobilière mieux calibrée.
  • Impôt foncier : consensus sur un montant aujourd’hui dérisoire et l’intérêt d’un impôt foncier “digne de ce nom”, ciblant notamment terrains constructibles inoccupés.
  • Compétitivité : garder/attirer des talents sans tomber dans “la course au moins-disant” ; idée débattue d’un Impôt sur les sociétés rabaissé à 15 % pour diversifier le tissu économique. Comparatif avec l’Irlande.

Ce qui s’est dit (et pourquoi ça compte)

Vers un taux d’imposition unique de 15% pour les sociétés au Luxembourg ?

Jamal Afakir, partner chez Atoz, a ravivé le débat sur la compétitivité fiscale du Luxembourg. Il propose de ramener le taux nominal d’imposition des sociétés à 15% “tout compris” — incluant la contribution de solidarité et l’impôt commercial communal.

Selon lui, cette réforme permettrait de renforcer l’attractivité du pays auprès des entreprises internationales et d’encourager la diversification économique. En s’inspirant du modèle irlandais, le Luxembourg pourrait attirer des entreprises issues des secteurs technologiques, pharmaceutiques et industriels, réduisant ainsi sa dépendance à la Place financière.

Un débat sur l’équilibre fiscal et la compétitivité

Actuellement, la stratégie gouvernementale vise à aligner le taux d’imposition moyen sur celui des pays européens les plus performants. Cependant, Jamal Afakir estime qu’une approche plus directe et lisible — le “15% tout compris” — serait plus efficace pour séduire investisseurs et talents étrangers.

Des voix plus prudentes, comme celle de Sylvain Hoffmann de la Chambre des salariés, mettent toutefois en garde contre une “course vers le bas ou vers le moins-disant” en matière de fiscalité, rappelant que la concurrence fiscale entre États membres de l’UE reste encadrée par un taux minimum européen.

Fiscalité, innovation et durabilité : les priorités du gouvernement

Le gouvernement luxembourgeois semble privilégier une approche centrée sur une Place financière 2.0, intégrant la finance verte, la blockchain, la tokenisation et les investissements durables. Le ministre des Finances, Gilles Roth, a confirmé que la réforme fiscale interviendra avant la fin de la mandature, afin de concilier les objectifs climatiques, technologiques et budgétaires du pays.

Un enjeu majeur pour l’avenir économique du Luxembourg

Le débat sur le taux d’imposition à 15% symbolise une réflexion plus large : comment faire du Luxembourg un modèle d’économie diversifiée et innovante, sans renoncer à la stabilité budgétaire ni à la compétitivité fiscale.
Entre attractivité internationale et responsabilité économique, le Grand-Duché se trouve à un tournant stratégique de son développement.

Individualisation : équité ou incohérence ?

Position pro-réforme (députée Diane Adehm) : passer d’un système de classes 1/1a/2 à l’individualisation reflète la société de 2025 (deux actifs par ménage, parcours de vie variés).

Réserves (Michel-Edouard Ruben, IDEA) : l’individualisation serait difficilement compatible avec plusieurs effets juridiques du mariage (devoirs réciproques, pension de réversion, droits successoraux).

“Le bon sens commande d’être prudent : on ne ‘neutralise’ pas l’état civil à la carte.” — M.-E. Ruben (IDEA)

Qui paie la réforme ?

Chiffrage : un coût brut autour de 900 M€ a été cité. Mécanismes de financement (Adehm, Hoffmann – CSL) : Indexation : neutraliser certaines tranches d’index gonfle mécaniquement les recettes ; leur non-transposition totale dans le barème finance une part de la réforme.

Effet macro : soulager bas et moyens revenus soutient la consommation (retours TVA/impôts indirects).

Ciblage : traquer niches/exonérations peu efficientes ; envisager plus de progressivité en haut de barème (sans consensus politique à ce stade).

Impôt foncier

Jamal Afakir (ATOZ) : “Nous vivons dans un pays formidable avec des infrastructures de grande qualité ; payer un impôt foncier réel aurait du sens.”

Diane Adehm : la réforme foncière est en cours, freinée par des oppositions formelles et la nécessité de tenir compte de cas et situation multiples (grands propriétaires, multipropriétaires, logements/terrains vides, locataires en place…).

Cap annoncé : taxation plus élevée des terrains constructibles non bâtis. CSL (Hoffmann) : pour l’équité, l’impôt foncier pourrait devenir progressif, afin de viser les multipropriétés et dissuader la rétention de foncier/logements vides.

Cohésion sociale, capital vs travail

CSL : une fois la TVA et les cotisations sociales prises en compte, le système tend à devenir régressif “en pratique” pour les hauts revenus mélangeant rémunérations du capital et plafonds de cotisations. Pistes : mieux imposer le capital et le patrimoine pour financer la cohésion sociale.

Laisser un commentaire